19/12/2007

hiver


J'aime, car tout s'arrête, le temps bascule. Irruption d'un non- temps d'où jaillit une magie argentée qui enserre les plus petites choses.


Comme une longue âme qui laisse traîner sa douce langueur glaciale, si transparente, mordue par le feu de la clarté, pure, trop pure.


Les bruits craquent , s'entrechoquent sur fond d'un silence qui a perdu son monde. Un silence d'ailleurs.


Un silence enfin retrouvé.


Les lieux se déplient, se mettent à nu pour mieux recevoir la morsure de l'haleine blanche.


Cruel et tendre. Comme la brume montante enlacée au feu de l'aube.


Les rayons obliques dardent d'une lumière foudroyante les clairières secrètes des forêts, et des lieux qui se croyaient cachés. Nul ne peut plus résister à l'embrasement du l'aurore...

12/12/2007

"La liberté pour quoi faire ?"

"...On se dit avec épouvante que les hommes sans nombre naissent et meurent sans s'être une fois servi de leur âme, réellement servi de leur âme, fut-ce pour offenser Dieu. La damnation ne serait-elle pas de se découvrir trop tard, après la mort, une âme absolument inutilisée, encore soigneusement pliée en quatre et gâtée comme certaines soies précieuses, faute d'usage ?
Quiconque se sert de son âme, si maladroitement qu'on le suppose, participe aussitôt à la vie universelle, s'accorde à son rythme immense, entre de plain-pied du même coup dans cette communion des saints qui est celle de tous les hommes de bonne volonté auxquels fut promise la paix, cette Sainte Eglise invisible dont nous savons qu'elle compte des païens, des hérétiques, des schismatiques, ou des incroyants, dont seul Dieu sait les noms."
de George Bernanos

Axe du Bien ?

"Le léger domine le lourd
Quand la lumière domine l'ombre,
Quand le fin domine l'épais,
Quand le clair domine l'obscur,
quand l'esprit domine le corps,
l'intelligence la matière,
alors le beau domine le difforme
et le bien domine le mal."
de Joseph Joubert
"Le Moderne remplace la civilité par l'idéologie, la certitude d'incarner le "Bien". ce qui lui fait une âme étroite et un coeur durci. L'homme de la Tradition (lorsque cette Tradition n'est pas devenue une autre idéologie) est plus ondoyant, plus incertain : il chemine vers la vérité et son combat contre la Mal est d'abord un combat contre lui-même, cette grande guerre sainte qui doit nous arracher à la lourdeur et nous inviter "aux randonnées célestes" dont parlent les taoïstes. "
de Luc-Olivier d'Algange

de la Beauté, de la Liberté

Dans son évidence première, la modernité est un raz-de-marée de laideur dont les marées noires sur les plages bretonnes sont la métaphore parfaite. La beauté de l'art et la beauté de la nature sont une seule et même beauté.
Ainsi de l'architecture traditionnelle dont le propre est de s'intégrer dans le paysage, d'en prolonger le mystère.
L'oeuvre alchimique s'oppose de toute sa fragilité au "dés-oeuvre" du monde moderne qui change l'or en plomb.
Apathique ou agitée, distraite ou travailleuse, la modernité est "désoeuvrante".
Ces heures glorieuses, ces heures rayonnantes, ces heures d'éternité et de communion qui nous sont offertes par la beauté du monde, dans la clairière de l'être, elle s'acharne à en faire, dans une perspective strictement utilitaire et judiciaire, un abominable compte à rebours.
La haine du secret (et donc du sacré) , est sans doute la première des haines modernes.
Le totalitarisme du monde des esclaves sans maîtres tolère tout sauf ce qui semble échapper au monde social, au grégarisme, aux collectivismes, à la platitude.
Pour le Moderne, la vie intérieure est une offense.
Elle est une offense, car elle relie ce monde-ci à un autre monde, car elle instaure une verticalité, car elle discerne au-delà des servitudes, du déterminisme, une liberté absolue.
La haine du secret est l'envers de la haine de la liberté...
La liberté qui n'est autre que l'effusion lumineuse et versicolore du Saint-Esprit


de Luc Olivier d'Algange




et encore:


La beauté est le "château tournoyant", elle est ce qui résiste



De l'Incandescence


" Si le Moderne n'est pas plus méchant homme que ses prédécesseurs, si toutefois il lui manque bien souvent l'étoffe pour être bon, c'est son manque d'attention qui l'écarte de sa propre vérité, et de la nature divine de cette vérité.
Il croit en l'Homme, en l'Avenir, au Progrès, en la Démocratie, en tout ce qu'on voudra écrire en majuscule, mais, qu'en est il de l'attention, qui hausse la température du temps, qui porte l'heure à l'incandescence, qui révèle les "signatures", les empreintes de sceau invisible ?
Est-ce à notre pauvre raison de prouver l'existence de Dieu ?


N'est ce point, par ailleurs, pure idolâtrie que de réduire Dieu à un "existant" ou à un "étant", fut-il "etant suprême" , Si Dieu est la "cause causatrice", s'il est en amont de tout ce qui existe et de tout ce qui est, c'est à partir d'une métaphysique de l'Etre à l'impératif que nous pouvons dissiper les ténèbres de l'entendement. Etre non pas au substantif (l'étant) ni même à l'infinitif (l'etre de l'ontologie parménidienne) mais l'être à l'impératif, Esto ! "Que la lumière soit ! " L'Esprit souffle au-delà de l'Être et du non-être, il est cette possibilité universelle qui, en toute chose visible et invisible s'offre à notre attention, qui retourne les apparences des mondes, en leur vérité écumante, en leur beauté "de Foudre et de Vent."

de Luc-olivier d'Algange

voyage

Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux"
Marcel Proust

09/12/2007

La fête

Je viens d'une fête, une vraie, une belle, une "comme on en fait plus", ou plutôt , comme on en refait; car on en a besoin;... Un village, sinistre, déserté à l'année, qui a repris toute sa dimension de vie, son allure à elle, son époque seigneuriale. Les gens étaient heureux, se parlaient, s'interpellaient, tout le monde se prêtait au jeu, au grand spectacle du moyen âge, à cette résurgence du rêve auquel nous étions tous participants...Enfin, la prochaine fois , je me déguise, bien qu'avec mon compagnon, me suis bien demandée si on avait vraiment besoin de se déguiser (oui, il se peut que parfois l'on ait un certain style, pour ma part je m'habille comme j'aime et c'est tout, à chacun de trouver sa "patte"), bref... Ce fut génial...Tout à coup les gens étaient vraiment issus d'un autre monde. Inquisiteurs, croisés, bourreaux, templiers (ce qu'ils étaient beaux, fiers, droits : j'aimais leur glisser à l'oreille : mon dieu ce que vous êtes beaux !...oh, à mon âge je peux enfin me permettre ce genre de chose !) chevaliers, hospitaliers, affamés, brigants, lépreux, sorcière, moines, pénitents de toute couleur , ménestrels, ripailleurs, tout cela se croisait dans la bonne humeur, bien que des fois légèrement grivois : très sympa!!! Et d'hurler, de se vautrer, de s'étriper;..génial quoi;..non,ce fut très bon enfant...Se lâcher un peu...faut dire que j'ai un faible, et même un grand faible pour cette époque. Sans idéaliser non plus, mais ce qu'il en reste nous rappelle une autre dimension, une dimension humaine. Et puis autre chose : c'est beau, ça a de la "gueule". Tous les vestiges qui demeurent démontrent une force d'âme extraordinaire...Ils avaient un culot !!!Ces gens là... Pourquoi tant de succès, ces fêtes médiévale ? De la nostalgie ???? Notre époque manque -t-elle de quelque chose ? ....Peut être d'un peu d'âme n'est ce pas ? A plus tard.... je dois superviser le repas préparé par mon fils a^né et surtout me préparer à une énorme vaisselle, et un gros nettoyage de cuisine, car demain...Au boulot ! oui, chez moi, suis obligée à un minimum d'hygiène et je vais arrêter de rêver au middle âge..............;

08/12/2007

Il est interdit d'être vieux

Je retrouve cette phrase chez Marie de Hennezel, qui est , en fait de Nahman de Braslav, et je rajouterais aussi de lui : "Il est interdit d'être triste".
D'abord : "interdit d'être vieux", ce serait luter contre cet ennemi fatal qui est le temps , en vivant sa vie non pas en sa continuité, mais en son commencement. Cela peut paraître banal, mais essayer déjà de recueillir certains instants comme neufs...Ne pas recommencer, mais commencer...Se dénouer de toute usure; c'est cela qui me fait peur : l'usure.
Laisser la vie jaillir, de telle manière qu'elle nous surprenne. Est ce dû à notre seule volonté ? Non, je crois que c'est plutôt une capacité, une capacité à recevoir. C'est là que la vie devient une sorte de miracle, car, je l'aime quand j'en découvre sa gratuité. ...;A notre insu , elle se donne, à notre insu, on reçoit...pour un peu qu'on soit "légèrement" évidé...Et c'est pour cela qu'il "est interdit d'être triste.".
Et cultiver la joie de vivre n'empêche pas la conscience de la souffrance qui règne, et je dirais même, n'empêche pas non plus une souffrance en soi. Car, si je pense que l'un des premiers devoirs que l'on ait à cultiver est celui du bonheur, et qu'on est fait pour l'harmonie, et l'épanouissement, cela n'empêche pas toutefois de garder conscience également que le destin de l'homme a quelque chose de tragique, de paradoxal. A l'heure où le mot précarité fait si peur, cela me fait rire, enfin, d'un humour noir, car la seule certitude qu'on ait en naissant est celle de notre précarité, bref, que nous allons mourir.
Mais que cela ne nous rende pas triste, et nous fasse goûter d'autant plus les instants comme infiniment précieux, et comme des petites failles d'éternité....
Ce sera tout pour ce soir....
Je ne serai pas toujours aussi sérieuse....

Un messager entre ciel et terre


03/12/2007

puisqu'il faut présenter son profil

Déjà, je n'ai pas très envie de rentrer dans les cases... On peut dire que cela annonce la couleur du profil. Oui, je suis une sorte de" outsider", inclassable, et je suis bien ainsi. J'ai quelques beaux diplômes rangés dans le fond d'une armoire...Je ne m'en suis jamais servie... Mes intérêts penchèrent finalement vers quelque formation en théologie : catholique, côté Louvain, et ensuite, orthodoxe, côté Paris...Là dessus, ce que je fais ? Que faites vous comme travail ? Alors, avec un BAC + 4, sans compter mes petits suppléments en théo., je passe des livres aux bébés, des bébés aux livres et tout cela entrecoupé de longues, longues échapées en nature.( Car, très important, j'ai renoncé à beaucoup de choses, on peut dire une carrière, pour vivre d'amour et d'eau fraîche dans une région magnifique) C'est pas mal ! Pas toujours excessivement valorisant d'être la nounou du village, mais en mettant mon énorme égo de côté, je le vis pas trop mal. Oui, que je vous explique, alors j'accueille chez moi des petits de 1 mois à 6 ans,3 ou 4 à la fois : ça vous plonge directement dans la quotidienneté, la profonde humilité, et ça vous empêche de trop plâner...Tout cela marche "à la baguette", avec pas mal de joie, et quand tout mon petit monde dort, si je ne suis pas effondrée, je cours à mes amis de coeur, comme Berdieaff (complètement dépassé ? pas tant que ça )et d'autres ...mais là, je revois entièrement l'oeuvre de Berdiaff, sur le thème de la "vraie" liberté...Je n'ai jamais rencontré un être aussi dynamique en son discernement, dénonciateurs de tous nos pièges, et visionnaire, pour notre époque. Par ce blog, sans me faire aucune illusion, je mettrai volontier quelques phrases que j'aurais glânées ici, ou là, ou des petites réflexions... Curieuse de savoir s'il y aurait quelques réactions, quelques partages... Surtout découvrir des gens qui ont envie de , déjà, déloger toute haine d'eux même. De savoir que le temps des croisade est finie. Un non respect, et une non-connaissance de l'autre, de la différence, m'affligent. J'aimerais découvrir des gens qui cherchent la lumière, et qui ne s'épuise pas à maudire , ou à cultiver l'intolérance. Rien de compliqué, mais une justesse, un regard juste...Et aimant, d'un amour vrai... Voilà, voilà....A savoir aussi que je ne suis pas du tout intellectuelle, et que je procède par pure intuition. En ma petite vie, qui va bientôt toucher à un demi-siècle j'ai pu renconter pas mal de personnages... Des gens, que je ne nommerai pas, car connus.... Je vis souvent des choses paradoxales, une vie très retirée, je l'aime ainsi, mais, curieusement, le destin m'a fait rencontré des sacrées personnes. Bon, j'arrête de me présenter...Ah oui, j'oubliais, et je vis avec une sacrée personne, car je l'aime, ça m'est tombée dessus ,il y a 10 ans, sinon, divorcée, 3 enfants dans les 20 ans, maintenant : une autre paire de manche ...

Le début d'une longue histoire

Commencer ce journal en tâchant d’abord de me libérer de toute entrave… De dire, avec ceux que j’aime, et mes compagnons de lecture, ce que je pense. Bien sûr, je serai à contre-courant. Je ne me sens ni du passé, ni d’un temps quelconque d’ailleurs, mais j’aimerais tenter le discernement, trouver un peu de lumière…C’est tout, ma seule ambition d’ailleurs; une lumière qui embrase quelque peu la grisaille et la confusion morne de ce monde, qui à force de se ranger dans l’ordre de la pensée "raisonnante" et de l’intellect, cette « intellectualité » qui ne résonne plus avec son cœur à force d’être en ce monde désorienté, à savoir qui a perdu son Orient , et donc sa lumière naissante, ce monde se fait triste, triste, à cause de nos esprits, devenus si lourds de leurs présomptions.

Si lourds de ce monde sans grâce, si lourd de ce monde sans mystère, de ce monde sans Dieu. Je ne sais pourquoi, nombre de gens mettent tant de véhémences à vouloir casser, détruire le sens du sacré. C’est si facile maintenant de parler de tous religieux , toutes religions, comme fanatiques, intolérantes, inhumaines.

Qu’avons nous à adorer, qu’avons nous pour nourrir le cœur et l’âme, et l’esprit ? Oui, car cela existe, et l’on me traitera de naïve : très bien ! Eh bien, j’y tiens à ma naïveté, pas si naïve que ça d’ailleurs, on y reviendra. Mais qu’avons nous à admirer: la citoyenneté, la démocratie, les jeux, le foot, les droits de l’homme ? Fort bien. Mais ça ne me suffit pas ! Ah oui, j’oubliais, les pulsions, les désirs, l’amour…On en parle ! Et tout cet amour que l’on sature de mots , de crudités qui ne savent même plus choquer, de fantasmes et de toutes sortes de plats, ça ne me suffit pas… Non, je ne suis pas religieuse, je ne suis même plus pratiquante, mais déborde en moi, ce quelque chose qui n’est pas de moi, et qui jaillit à chaque seconde, ce quelque chose de vivant, ce quelque chose qui me traverse et qui m’ouvre une brèche sur le Mystère, sur l’indicible… Ce qui me fait vivre…
Je citerai au fur et à mesure les écrits des êtres qui m’éclairent sur ma route, et je commence par Jacob Böhme :
« Il convient donc que tout homme qui veut parler des mystères divins ou les enseigner, ait aussi l’esprit de Dieu, qu’il reconnaisse dans la lumière divine la chose qu’il veut annoncer comme une vérité, et ne l’enfante point de sa propre raison qui, sans connaissance divine, appuie son opinion sur la lettre morte, et tire l’Ecriture par les cheveux, comme la raison a coutume de la faire; d’où sont nées quantité d’erreurs, parce qu’on a cherché la connaissance divine dans l’intelligence et la perspicacité propres, ce qui a conduit de la vérité divine dans la raison propre; on a tenu l’incarnation de Christ pour une chose étrangère et éloignée, tandis que, cependant, nous devons tous naître de nouveau de Dieu, dans cette même incarnation… »


Évidemment, là aussi, il ne faut pas prendre les choses à la lettre, et avoir un peu de bon sens. Pour moi, cela signifie, que la lumière se fait en la Lumière…Je crois à l’Esprit, léger comme une brise qui souffle où il veut. Je crois à l’écoute, à l’attention portée. Être attentif au langage divin qui parle non tant en notre propre gérance intellectuelle, mais en l’abandon de notre esprit pour être réceptif. A quoi ? Peut être au rien… Au silence…