21/08/2009


"Deux types d'hommes se partagent la terre_ les nerveux et les contemplatifs. Ils ont chacun leur rôle. Les nerveux remontent les ressorts des horloges du monde. Les contemplatifs s'émerveillent des sujets gravés sur les balanciers.
Leur émerveillement ouvre une porte dérobée dans l'invisible, quand les nerveux finissent par briser les clés dans les serrures."
Christian Bobin

Ni revendication, ni résignation


Mais descendre,
descendre,
descendre,
au plus profond,
du lac de l'âme,
où crépite la flamme,
où se nouent
le sanglot
et l'aile du monde
tout en silence
Les larmes glissent, inutiles,
de joie ou de compassion.
Maïa de Soles



Luc-Olivier d'Algange...écrire...


Peut-être n'écrivons nous que pour agrandir en nous le silence. La grandeur et le silence sont des privilèges et des bénédictions dans cette époque petite et jacassante.

Le livre est une approche du silence.
C'est un objet calme qui ne s'impose point, plein de courtoisie à l'égard de son lecteur, auquel il laisse toute liberté de le prendre ou de le laisser, d'en faire une aventure de l'âme ou rien du tout.

Narcisse


"Le mythe de Narcisse dévoile le destin de l'homme qui s'identifie à son propre moi.
Tant que Narcisse se contemple dans l'eau - où le ciel aussi se reflète - il demeure "vivant" dans son état bio-psychique mais, à l'instant où il se confond avec sa propre image et qu'il se penche pour l'embrasser, à cet instant-qui est celui de "la seconde mort"- il tombe et se noie. Narcisse, tourne le dos au ciel. Telle est cette posture très commune :
la vanité, l'amour infantile de soi-même, l'hypertrophie du moi, l'inépuisable passion d'être son propre sujet, de se raconter, de se donner l'illusion de son importance.

La mystique est le refoulé de la littérature parce qu'elle instaure une logique antagoniste du moi :
la désappropriation
la mort à soi-même, ce que Paul nomme "kénose".

Quand l'âme refuse de découvrir sa pauvreté ontologique, elle se détourne de Dieu.
Alain Santacreux

Une haine ?

"Plus que la haine de la supériorité, la détestation de la pauvreté est le vice le plus noir parmi les hommes : le péché contre l'esprit. Les hommes finissent toujours par mépriser ce qu'ils ne comprennent pas et, ayant oublier ce qu'ils étaient, ils ont fini par tout mépriser, jusqu'à leur propre vie.

Ce dégoût du pauvre, ils le portent en eux-mêmes comme le dégoût de la mort."
Alain Santacreu


17/08/2009

Yunus Emre


O Ami, dans l'océan de Ton amour,
je veux me jeter, m'y noyer et passer outre;
des deux mondes je veux faire un lieu de fêtes
je veux les parcourir, je veux m'y réjouir, et passer outre.

Je veux me jeter dans l'océan, et m'y noyer,
je ne veux plus être ni a, ni d, ni m,
je veux être rossignol dans le jardin de l'ami,
y cueillir les roses, et passer outre,
...

Yunus est fou de Ton amour, Seigneur,
il est le plus humble des sans-remèdes...
En Toi est mon seul remède,
Je veux te le demander, et passer outre.

de Sidi Abû Madyan (Diwan)


Vous vous êtes emparé de ma raison, de ma vue, de mon ouïe, de mon esprit,de mes entrailles, de tout moi-même.
Je me suis égaré dans votre extraordinaire beauté.
Je ne sais plus où est ma place dans l'océan de la passion.
Vous m'avez conseillé de cacher mon secret,
mais le débordement de mes larmes a tout dévoilé...

Provence secrète

Sauvagerie

07/08/2009

Au coeur de la nuit


"Au coeur de la nuit un cri a retenti
Un souffle a incendié mon coeur
dévasté qui je suis
l'Amour m'a appelée amour.

Je l'ai reconnu
Je suis brisée
par cette ombre d'aile
plus vaste
que les univers
et plus rapide que les éclairs

Un trait d'or m'a percutée
cisaillé
mon être
blessé à jamais
par la foudroyance
de sa transparence,
par ses yeux de lumière

Je ne veux plus voir
que me baigner encore
au lac d'or

Me laisser saisir
telle une proie
par les serres
du royal faucon
qui pourfend
le ciel et les terres

Il joue avec mon âme
me tient dans ses bras
me largue dans les mers
et m'envoie un chant
de pur sanglot
que je cache au secret
de ma vie égarée

J'erre comme un enfant
toujours perdue en ce monde
je vagabonde,
tout à fait inutile,
en attente,
en attente du cri."

Maïa de Soles




06/08/2009

"Soyons rebelles" avec Luc Olivier d'Algange


"Le rebelle
est étymologiquement, celui qui retourne à la guerre, mais non pas, en l'occurence, à une guerre à l'intérieur d l'Histoire, mais hors d'elle, non plus à une guerre qui est vacarme et destruction mais à une guerre silencieuse et germinative qui est celle de cette chevalerie spirituelle qui, dans un pressentiment paraclétique, doit succéder à la chevalerie héroïque.
La grand guerre sainte de l'herméneutique reconduit à une solitude orphique, et ne dispose d'autres armes que son silence et son chant.
Elle s'achemine vers le dénouement du sens, vers le pur secret du Logos.
Le rebelle, dont Jünger sut admirablement définir l'éthique, n'est pas cet agité du bocal, ce publiciste hargneux et pathétique dont la modernité nous offre tant d'exemples, mais cet homme du retrait qui ose le pas en arrière au moment des marches forcées de l'Histoire, qui s'ingénie, envers et contre tous,
à reprendre le fil de sa pensée lorsque tout conjure à la "distraction", au sens pascalien.
Dans son retrait, le rebelle retrace le chemin parcouru et précise son orientation, tout comme le marin consulte le sextant,
observe les signes du ciel
et participe, dans l'intelligence sensible,
du gonflement ou du claquement des voiles."

Luc Olivier d'Agange

pour un sourire d'enfant

Est il ou non un voyage possible ?Luc Olivier d'Algange


"Quelle immobilité voyageuse pouvons nous opposer
à la sédentarité des représentations ?
Quelle pérégrination peut surseoir à ce vagabondage
ou pire encore
à ce tourisme qui transforme
la chatoyante diversité du monde en un seul village médisant ,
Au "tout est dit"
s'oppose alors le pressentiment que tout reste à dire
précisément parce que tout est dit, et que le Dire est voyage entre le créé et l'incréé."

Luc Olivier d'Algange

Précarité


Ce fut le mot clé du soulèvement de la peur et la démonstration même de l'ensevelissement du vivant.
Peur, sécurité, nous gouvernent et nous dressent comme un mur droit sans faille, sans fissure, sans brèche pour nous parer contre le vivant.
Les gens se croient libérés en s'assurant leur vie par le moyen de l'enfermement en des cadres de plus en plus étroits et blindés.
Tout devient programmé, par groupe, par masse. Car il y a aussi la peur d'être seul avec soi, la peur de soi. Tout est prévu, en ayant surtout ôté l'audace de la surprise, ou celle ci est devenue totalement "organisée".
Surtout arracher aux gens le sens du tragique. En remplaçant des instants qui auraient pu être foudroyé par "l'éternité", par des éternels moments alignés et certifiés de bonheurs assurés et rassurants qui s'affadissent à toute vitesse à l'usure du temps qui alors égrène les secondes, les met les unes à côté des autres toutes semblables ou presque... N'y a t'il pas là, un arrière goût d'enfer ? Une création purement humaine ? Quand nous nous cachons la surprise de l'irruption d'Autre Chose...
Nous nous calfeutrons derrière notre misérable peur de la précarité, qui nous sert à accuser notre "papa à tous" à savoir "l'Etat" (sommes nous tellement adultes ?), au lieu de plonger en soi pour y rallumer le feu de la vie, qui brûle, certes, mais ô combien plus de joie que de mal, quand on le laisse vivre.

Arrêtons de vivre dans le caveau de nos assurances, mais creusons la seule certitude de notre vie, à savoir la mort. Car c'est elle qui rend l'instant imprenable.




voyage intérieur



"Le voyage intérieur,écrit Rûmî, n'est pas l'ascension
de l'homme jusqu'à la lune, mais l'ascension
de la canne à sucre jusqu'au sucre."