29/11/2009

Yeux de feu


Des yeux de feu tournent
dans la nuit noire
deux puits incendiés d'or
veillent
telles des sentinelles d'aurore

Un léger frémissement alerte mon coeur
aussi léger qu'un souffle d'aube chaude
vacille et m'attire
vers l'ombre de moi-même
aussi claire
qu'un soleil haut levé

A l'envers palpite ma vie
comme au creux d'une main
un oiseau encore épris
de vertige
gémit
et tournoie vers le ciel

Ce ciel miroité
du fond même de l'obscur
me chavire toute entière
et ne me retient plus
je sombre
éclatée de lumière.

Maïa de Soles

26/11/2009

Jean Biès : "De la stupeur"


" Parce que le système des certitudes rassurantes, des vérités maintenant bafouées s'effondre devant elle, la stupeur, à l'instar du "satori", fait l'expérience du vide : un vide soudain qui se présente, nie tout ce qui le précède, n'émeut pas seulement : désoriente, égare, réduit à rien.
La stupeur n'est pas en mesure de nommer, d'avancer sur une terre ferme ; elle perd brusquement tout appui.
Ni la vigueur de l'étonnement qui fuse, ni la magie enveloppante de l'émerveillement ne l'étançonnent : privée de points de comparaison, d'articulations syntaxiques, d'images, de symboles, elle est ce qui trahit le moins l'intraduisible, ignore le moins l'inconnaissable.
Comme le "satori", elle rejoint la conscience de la non-dualité, l'état illuminé où la suprême Sophia réalise sa propre nature. Elle est adhésion, adhérence à l'Un ; par là même s'abolit elle-même."



Jean Bies



" L'étonnement éveille,
l'émerveillement vivifie,
la stupeur anéantit.

L'étonnement découvre Dieu
l'émerveillement l'admire,
la stupeur fait qu'on Le devient"

24/11/2009

Jadis, chez les grecs,


Un seul mot pouvait selon le contexte signifier
à la fois
étonnement, émerveillement, stupeur :
thaumazeïn ( grec ancien).
En ce mot se discernait l'origine même de la philosophie.
Du temps où la philosophie était inséparable de la poésie:
"l'une et l'autre portées ensemble par une gnose transpersonnelle et translogique,
qui dépasse l'épaisseur du monde
pour rejoindre la Réalité."
D'après Jean Biès.


Il n'y a pas de recette politique,
il n'y a pas de solution matérielle,
il n'y a qu'une révolution,
celle du retournement,
celle du retournement à l'homme pneumatique,
à l'homme dont le coeur rayonne comme un feu
pour éclairer l'autre,
dont le coeur est fontaine,
fontaine et source jaillissante,

Il suffit
d'un geste
d'un regard
pour rappeler
le bruissement d'un coeur
en ce monde d'opacité,
où la seule angoisse,
le seul cri,
la seule question à poser
ne serait ce pas :
Y a-t-il quelqu'un ?

19/11/2009


Une société qui n'a plus de place
pour ses pauvres
est une société morte
perdue,
car condamnée par elle-même,
une société qui ne reconnait plus ses pauvres
est une société où l'homme ne sait plus qui il est,
car le premier pauvre est soi-même;

Quand on ne sait plus cela :
que sait on encore ?
quand on n'est plus capable
de descendre
plus bas que soi-même
on devient l'exclu de soi-même

Une société qui exclut est inhumaine
Pauvre homme qui exclut les égarés de ce monde,
car il a oublié le grand exil...
De "là-bas" d'où il vient
qu'il rejette

Car à ce "là-bas"
il n'y a pas de nom
de ce "là-bas"
demeure juste un chant
enfoui sous mille brisures
d'éclats si durs
Ce là-bas
était chez lui,
est chez lui...