27/12/2009

Rumi


Heureux l'instant où
nous nous assiérons
dans le palais
toi et moi
Avec deux formes et deux visages
mais une seule âme,
toi et moi,
et quand nous entrerons dans le jardin,
toi et moi,
Nous resterons unis dans l'extase
par les mots, par le silence,
toi et moi
Et les oiseaux du ciel envieront nos fous rires
et l'allégresse de nos coeurs,
toi et moi
Mais le prodige
c'est qu'unis en ce même lieu
Nous soyons en ce moment même
l'un en Irak et l'autreà Khorassan,
toi et moi...


22/12/2009

Un amoureux du 7e siècle, Isaac le Syrien


De partout vient la réjouissance.
Des ténèbres, la lumière.
De la pauvreté, la richesse.
De la bousculade, la solitude silencieuse.
Du désespoir, la sérénité
et le renouveau de l'espérance.
J'ai disparu de la terre.
La croissance n'a pas de fin. La vie est à nous. Et la mort est à nous. Nous vivons pour mourir. Nous vivons pour nous dilater, pour pouvoir épouser la mort, l'ensevelissement , la perte de toutes choses. Ainsi nous les gagnons toutes. Nous les trouvons. Absents, éloignés, inexistants, nous existons avec elles, et par elles.
Nous sommes enfermés dans la prison du siècle présent, dans les murs des apparences, dans la stérélité du relatif, dans l'aphonie du mouvement et de la vie mécanique.
La vraie musique émerge du cheminement. Le mouvement est prière. Le cheminement est contemplation.
L'extension est réjouissance.
Le dépassement est expression, Verbe, Pâque, Christ.

13/12/2009

Une amoureuse du 13e siècle


"Penser ne vaut ici plus rien
ni oeuvrer, ni parler.
Amour me tire si haut.
-Penser ne vaut ici plus rien-
Par ses divins regards,
Que je n'ai nul désir.
-Penser ne vaut ici plus rien-
Ni oeuvrer, ni parler."

Marguerite Porete
"Le miroir des âmes simples et anéanties"

Rumi



"Je regarde dans le coeur,
la parole n'est que l'accident.
La parole est comme un ruisseau
face à l'océan;
je me tais
car c'est un feu en moi."




11/12/2009


"Nous ne pouvons
rester seuls
avec la merveille.

Il n'y a de réponse
à la merveille
que la communion."

Jean Biès

De l'émerveillement



"Au coeur de l'émerveillement affleure l'action de grâce,_ un délire de paroles silencieuses parfois, qui louangent et rendent gloire.
Car l'émerveillement offre trop de limpidité pour pouvoir s'organiser en édifices d'idées ou en réflexions attiédies."

Jean Biès


"Les concepts créent les idoles de Dieu; seul l'émerveillement peut nous en dire
quelque chose
"
Grégoire de Nysse.

09/12/2009

Peinture de John Martin, (1789-1854)

Ecrit en 1828, l'Enfant d'Amour


"Les puissances de la terre mettent tout en oeuvre, aujourd'hui comme de tous les temps, pour que les peuples s'endorment dans leur fausse sécurité; elles craignent la destruction de leur ordre des choses, et pour mieux le conserver, elles inspirent tous les enfants de la terre, essentiellement mus par l'esprit de la colère ou d'égoïsme, à prêcher littéralement la morale de leur vainqueur, persuadés qu'à l'ombre de cette lettre morte, leur odieuse doctrine produira mieux ses fruits.

La lumière est donc ce que l'être qui la sollicite, la fait être; toujours un voile de gloire et de splendeur, lorsque c'est l'amour qui la fait briller, comme il en parut sur le Thabor, un léger crépuscule..."


" Il ne faut point nous figurer qu'il y a que nous "chrétiens" de nom, qui ayons la connaissance d'un rédempteur, de Satan le dominateur par la colère, de Lucifer prince déchu de la lumière, etc. Chez chaque peuple et à diverses époques, les voiles des différents mystères ont été déchirés, selon la nature de la source que les nations ont fait bouillonner en divers temps et en divers lieux.
Tout est à jamais l'un dans l'autre et l'un par l'autre; Dieu est en tout, et tout est Lui-même."

" De même que l'Enfant d'Amour trouve les cieux et toutes les légions célestes au premier pas qu'il fait dans l'abîme infernal,
de même l'enfant de la colère trouve l'enfer et toutes ses furies au premier pas qu'il fait pour entrer dans les cieux..."

Louis Mure-Latour








03/12/2009

Luc Olivier d'Algange



"...L'écriture traverse les confins des signes en hiver.
Condamnant l'Automne antique de mes fleuves
Tu vins mourir dans l'angélus des rousseurs
Lors dans les buissons lointains et les fragments purs
Le déclin des sentinelles cerna nos prophéties
Aux antichambres de la mort l'astre devint rouge
Et novembre vint bénir les sablières incolores
Nous glissions sur les ardoises de Walpurgis
Etreignant contre notre âme blanche l'épouvante bleue,
Comme inclinant contre l'outre-monde la robe artérielle de l'aube
Et nos gestes si noirs soudain contre l'opacité de leur corps..."

Jean Bies


"Immobilisation de l'être,
gel de toutes les facultés,
la stupeur met l'âme à l'arrêt,
devant les gouffres imprévisibles
dont ont été retirés
les marches, les repères, les entraves à la chute.

Elle est pétrie d'effroi,
de détresse,
d'un bonheur intraduisible,
semblable à un chagrin frustré de toute consolation,
à une joie privée de langage.