31/01/2010




Suite pour le loup bleu


"Paysage engendré de lui-même
dans les gouffres du plaisir
dans les abysses du passé

Où étais tu
toi mon génie surgi de la lampe
mon sourcier si savant
mon passeur de merveilleux

Ne jamais prononcer ton nom
de crainte de le salir contre les gueux

Tu fais de même
toi l'oiseleur de l'aube qui dit
les astres sont les ossements
de nos aïeux
et la semence des générations

De nouveau
la maison de l'amour s'est ouverte
églantine bleue et blanche
pour nos esprits mêlés

Au plus intime de cette rose mystique et charnelle
une minuscule fente
donne sur un infini de clarté
On y rencontre le mystère de la création
le sourire et l'haleine parfumée des anges
le loup bleu des steppes mongoles
et la pureté de la tente ancestrale

L'arc-en-ciel du coeur illumine
l'offrande d'encens à minuit..."

Francesca Caroutch




28/01/2010

Gnose ? Ignorance infinie...

"La gnose véritable n'est pas une vraie science, mais une nescience, car dans cette gnose suprême, c'est Dieu qui se connait Lui-même, dès que l'intelligence est parfaitement dépouillée d'elle-même.
Seule l'inconnaissance peut conduire à une sur-connaissance: "si quelqu'un estime connaître quelque chose, il ne connait pas encore de la façon qu'il faut connaître." (I Cor.VIII 1-2).
Et la puissance qui seule peut réaliser ce renoncement nécessaire, c'est la puissance caricative qui fait que "la charité est la porte de la gnose."

" La gnose est l'axe vertical, immuable et invisible que la danse de l'amour enveloppe comme une flamme."
Bruno Bérard

Chez Alain Santacreu, nous trouvons :


La désappropriation crucifiante de soi-même entraîne en soi-même l'appropriation eschatologique de l'Esprit.

Le jour de sa mort, Louis Massignon écrivit ces lignes si révélatrices d'une vision absolument chrétienne de l'histoire :

"On a pu considérer l'histoire totale de l'humanité jusqu'au jugement comme un tissu sphérique, dont la chaîne spatiale tridimentionnelle de "situations dramatiques", inconsciemment souffertes par la masse, est traversée, armée par une trame : celle que la navette irréversible des instants tisse avec les courbes de vie originales d'âmes royales; compatientes ou réparatrices, illustres ou cachées, qui "réalisent le dessein divin."



26/01/2010


Un voile glacial
enserre les sommets
d'un long inspire muet
infiniment lent

Le ciel abaissé
en teintes noires, grises,
mauves et jaunes
éclatées d'or sombre
se mire
au creux des roches

Endort aujourd'hui le monde
l'enlace infiniment
aux lueurs d'ombre
des grands lointains,
non pas visibles,
mais ébauchées,
par un cri sourd
qui cogne en moi
telle une source
qui cherche à jaillir,
une source de lourds sanglots
enfantés
des profondeurs.




23/01/2010

Regards d'Outre-Songe : où l'on parle du poète...


" Un chant cosmique qui nous relie à l'univers
jusqu'à la beauté originelle,
plus loin que la lumière,
jusqu'à l'invisible transcendé,
plus loin que le rêve,
à travers un vitrail de lumière
où le vent,
l'onde, le sable, le ciel,
ramènent au désir,
à l'espoir,
quand l'âme puise à sa source d'éternité.
Flux et reflux du temps
où le poète,
par son art de sublimer,
ouvre "aux enfants buissonniers de la terre la route des étoiles"
et, dans une merveilleuse éclosion d'aubes lyriques
dépose pour nous
"le pain d'offrande sur l'autel pour ranimer la ferveur".

Anne-Marie Vergnes in L'Etrave

19/01/2010

"Lumière." Luc Olivier d'algange

"Ce qu'il y a de faux dans la volonté de
"se passer du salut"
cependant désigne le salut,
le nomme, en témoigne à sa façon.
Le propos donne au lecteur cette chance que
l'auteur se refuse dans une folie d'orgueil
ou de tristesse.
L'athéisme n'est séparé de la
Théologie apophatique que par le tain du miroir.
Il se voit lui-même, s'admire.
Mais les miroir sont faits pour passer de l'autre côté.
"Pierre spéculaire transparente" comme
disent les écrits kabbalistiques.
Nous sommes dans l'ombre, même dans la lumière,
lux umbra Dei ,
n'est que l'ombre de Dieu...
Le refus du salut ne serait-il pas alors,
par une incommensurable soif de lumière,
le refus de se recueillir dans l'ombre,
qui n'est pas seulement protectrice,
mais lumineuse à qui sait voir ?
Notre monde est le monde de la fausse lumière,
de la lumière
uniformatrice, ennemie des ombres.
Cette lumière plate, non-chromatique,
qui s'insinue partout,
cette lumière sans perspective nocturne,
sans relâche, est une contre-lumière,
une lumière sans profondeur.
Nos villes, la nuit, sont dévastées
d'éclairages artificiels.
La vraie lumière exige des nuits bien profondes. ..."
à paraître

16/01/2010

Baudelaire


Ils marchent devant moi, ces Yeux extraordinaires
Qu'un Ange très savant a sans doute aimantés;
Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères
Suspendant mon regard à leurs feux diamantés.

Me sauvant de tout piège et de tout péché grave,
Ils conduisent mes pas dans la route du Beau;
Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave;
Tout mon Etre obéit à ce vivant Flambeau.

Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystique
Qu'ont les cierges brûlant en plein jour;_le Soleil
Rougit mais n'éteint pas leur flamme fantastique;

Ils célèbrent la Mort, vous chantez le Réveil;
_Vous marchez en chantant le Réveil de mon Ame,
Astres dont le Soleil ne peut flétrir la flamme !

10/01/2010

Devant la montée de la violence, que faire ?


"Spinoza nous donne la clé : face à la peur, il n'y a que la joie.
Et ce qui caractérise la joie, c'est le couple "intensité+sérénité", qui s'oppose au couple dominant dans la sphère politique, économique et médiatique actuelle : "excitation+dépression".
Quand le Wall Street Journal dit : "Wall Street ne connaît que deux sentiments, l'euphorie ou la panique", on voit bien que ce couple "excitation+dépression" est au coeur de notre société.
Pour en sortir, il faut reconnaître que le côté positif de l'excitation est l'intensité, mais avec une autre façon de la vivre. Cette intensité-là, c'est l'art de l'attention, et non pas de la tension.
Accepter de ne pas tout vivre, mais vivre ce que je vis le plus consciemment possible.
La joie me vient quand je suis présent ici et maintenant. Mais je peux aussi me trouver à la "mauvaise heure", si je m'interdis le chagrin et la tristesse à l'occasion de la perte d'un être cher. Ce qui compte, c'est la qualité de la présence."
Patrick Viveret


Quand tout s'arrête



Irruption d'un temps autre,
magique,
qui ne se compte plus,
on se redécouvre avec stupeur,
entre êtres humains
au milieu de la grande steppe blanche
on se regarde,
on se parle,
on existe,
et surtout, surtout,
la joie est là
en cet innatendu
d'heures surprenantes

on se découvre à vivre,
pour rien,
enfin,
l'ivresse de l'enfance,où l'instant bondit,
heureux,
sans savoir pourquoi.

Venez tous à ma table...

08/01/2010

DE LA NATION


"Or le Royaume, à la différence de la nation,
invention littéraire qui ne concerne que les hommes,
s'ouvre sur les volumes de la terre, du ciel, et de Dieu.
Ce qui insatisfait dans la nation,
qu'il faut pourtant défendre bec et ongles,
c'est bien cette absence de volume,
cette subjectivité abstraite que l'on nomme "identité"
mais où le "culte du nous",
de la nation,
n'est jamais que la transposition du "culte du moi".
Celui qui appartient au Royaume n'a pas besoin d'identité :
il appartient au Royaume, la question ne se pose plus.
Et le Royaume lui-même n'a pas besoin d'identité,
étant l'empreinte d'un sceau invisible,
d'un plus haut Royaume
dont l'autorité
nous désillusionne
du hasard et de la nécessité."

Luc Olivier d'Algange
à paraître...


Le monde est si vite transfiguré...

05/01/2010

Loup


Les loups rôdent
les loups sont de retour
long regard si doux que puits noir
leur sillage au silence de neige
leur passage de velours sur la peau de l'âme
griffe et lassère
le visage des villes propres
un filet pourpre déchire la cité
l'ouvre en grands lambeaux
la terre ressurgit
les couleurs jaillissent

Les loups se cachent
au creux de nos lieux
ils attendent
longtemps, longtemps
l'heure

L'heure où passent chapelles et forêts
au déclin d'un même crépuscule mauve
Les entrailles gémissent,
les visages s'allument de stupeur

Les loups s'assemblent
en un seul cri
un hurlement
envers cet infini, qui se trouvait occulté,
pierre par pierre en chacun des humains
Cet infini enfin déchiré
par le chant
l'immense chant des loups,
Les loups reviennent...
Maïa de Soles


02/01/2010



Nous sommes des êtres
tombés de l'éternité,
tombés de la lumière
empoussiérés de lourdeur

Mes yeux
aux instants secrets
décèlent l'ombre pourpre d'un regard
et s'y brûlent
en une seule larme

Se dit à mon coeur,
reviens,
reviens me joindre,
aux eaux de mes nuits

l'amour écoule et
murmure
ses chants
de jadis

Là où voilure de l'âme ,
aux aubes,
se déchirent
jusqu'à la dorure
du feu

Mes pleurs sont vastes
infiniment vastes.

Maïa de Soles