27/06/2010

A propos du socialisme...


Voici une réflexion à propos du socialisme russe, trouvée chez Henri troyat dans sa biographie sur Dostoïevsky, qui me laisse bien songeuse :

"...Le socialisme russe, ne prétend pas seulement organiser le bien-être de la classe ouvrière, il ne prétend pas seulement régler la vie terrestre de l'homme, il prétend limiter à cette félicité immédiate toute notre vie. Le socialisme n'est pas une étape dans le destin de l'humanité. Il est la religion de l'humanité. Il est la fin de l'humanité. Il ne double pas le christianisme, il le remplace. Pas de Dieu, pas d'immortalité de l'âme, pas de rédemption, pas de bonheur hors du bonheur matériel, tangible, accessible à chacun;

"Nous leur donnerons le bonheur des créatures débiles."

Tout commence et tout finit ici-bas. Le monde se transforme en fourmilière. Les valeurs individuelles, la vie intime, les élans spirituels, les espoirs supérieurs s'anéantissent dans ce marais de la nullité. L'Etat se charge de pourvoir le troupeau lamentable en pitance, en tanières et en petites joies quotidiennes. Et l'homme se croit heureux.

Mais l'homme n'a pas seulement besoin d'être heureux. Le pain quotidien n'est pas l'unique nourriture à quoi il aspire. Il a faim de croire à chaque instant qu'il existe une haute allégresse, absolument inimaginable et délicieuse, dont il ne sera pas exclu. Il a faim de quelque chose qu'il ne pourrait se procurer ni par le travail ni par la ruse. Il a faim de l'incommensurable, de l'incompréhensible, de l'infini.

"Toute la loi de l'existence humaine, dit Stephan trophimovitch, dans le dernier
chapitre des Possédés, consiste en ce que l'homme peut toujours s'incliner
devant quelque chose d'immensément grand. Si l'on venait à priver les humains
de cet immensément grand, ils ne voudraient plus vivre,
ils mourraient de désespoir."