25/09/2009

De l'esprit bourgeois. De Nicholas Berdieaff


"Le grand malheur, c'est que tout tend à l'objectivation : l'Etat, l'Eglise, Dieu, l'Esprit, la religion, la science, la technique, la philosophie. Tout devient objet sans lien intime avec la personne humaine. L'embourgeoisement est la conséquence de l'objectivation de l'esprit."

La volonté de sainteté et de génie s'éteint et le soif de domination, le désir d'une existence confortable prennent le dessus. Les plus hautes ascensions spirituelles appartiennent aux époques révolues. Le temps de la décadence spirituelle correspond à celui du triomphe bourgeois.
Les figures de chevalier et de moine, de philosophe et de poète, sont remplacées par celle du "bourgeois" (aujourd'hui, on l'appellerait : citoyen) assoiffé de domination universelle, conquérant, organisateur et businessman.
Le centre de la vie se déplace.

L'ordre organique et hiérarchique étant transgressé, le centre vital est transféré à la périphérie. Telle est l'époque de la civilisation mécanique, industrielle et capitaliste d'Europe et d'Amérique.

Quelles sont les racines spirituelles du bourgeoisisme ?
C'est la croyance tenace en ce monde visible et l'incrédulité vis à vis de l'invisible. Le bourgeois est saisi par les choses visibles et tangibles, il en est frappé et séduit. La foi en une autre réalité, en la vie spirituelle, il ne la prend pas au sérieux...

Le bourgeois est un réaliste naïf, et seule une idéologie naïvement réaliste lui paraît sérieuse."


Nicholas Berdieaff, en 1948

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