29/10/2009

Du petit sentier qui mène à la demeure de l'ermite


"L'Ange de la présence" avec Luc Olivier d'Algange


"Voir les signes du monde et le monde des signes
à la lumière de l'Ange
suppose cette conquête du
"supra-sensible concret"
qui n'appartient ni au monde matériel
ni au monde de l'abstraction,
mais à la présence même,
qui selon la formule d'Héraclite
"ne voile point, ne dévoile point, mais fait signe"
Or si tout signe est signe d'éternité
la chance prodigieuse nous est offerte
de lire les oeuvres, non plus au passé
comme s'y emploient les historiographes profanes et les fondamentalistes
mais bien au présent
à la lumière matutinale de l'Ange de la présence,
témoin céleste de l'avènement
herméneutique qui,
souligne Henry Corbin"
"implique justement la rupture avec le collectif,
la rejonction avec la dimension transcendante
qui prémunit individuellement la personne
contre les sollicitations du collectif,
c'est à dire contre toute socialisation du spirituel."

Crépuscule


Le jour, la nuit : Henry Corbin


"Le jour alterne , comme alternent deux contrastes qui par essence
ne peuvent coexister.
Lumière se levant à l'orient, et lumière déclinant à l'occident :
deux prémonitions d'une option existentielle entre le monde du jour et ses normes
et le monde de la nuit
avec sa passion profonde et inassouvissable.
Tout au plus, à leur limite, un double crépuscule :
crépusculum vesperinum
qui n'est plus le jour, et qui n'est pas encore la nuit;
crepusculum matutinum
qui n'est plus la nuit et n'est pas encore le jour.
C'est par cette image saisissante, on le sait, que Luther définissait l'être de l'homme."

26/10/2009

Plus le temps


On n'a plus le temps
plus le temps d'écouter,
le temps de laisser
le chant
descendre jusqu'au coeur

La terre se meurt

Ceux là nous sauveront
qui savent écouter
les notes
qui mènent
aux sources

Parce qu'ils furent silence,
ils surent écouter
ce qui passe de la terre au ciel
du ciel à la terre,

parce qu'ils savent
encore chanter comme prier
parce qu'ils savent aimer
chanter comme aimer,
aimer comme chanter

Ceux là qui savent
la terre, le ciel
,
ceux là qui ont des ailes pour voler,
pour passer de ce monde à l'autre

Ceux là sauveront la terre
ceux là,qui si loin de notre coeur de fer
sèment
des notes,
comme des gouttes de lumière,

Ceux là ensemencent la terre comme au ciel
Maïa de Soles

La grotte de l'ermite.

D'Olivier Clément



"La véritable aliénation de l'homme, son vrai péché est sa prétention
de se sauver lui-même.
Pour se sauver, il faut se perdre, et de toute sécurité,
y compris la sécurité pharisaïque de la loi."




24/10/2009

L'automne par ici

Quelque chose d'Alain Fournier


Découverte de cet homme qui lisait et écrivait
"comme on s'enfuit".

De cet homme rebelle, fort et tendre qui a déserté la vie en devenant lieutenant, car il avait perdu son amour.
Immersion dans l'enfer total où les jours ternes, les travaux bêtes et absurdes s'entassaient les un sur les autres, où ses collègues ,aussi célibataires," sont mornes, leur vulgarité incurable,leur contentement d'eux-mêmes absolu."

D'autre part sur ce fond de ciel gris, fermé, triste, cet "Henri" a le don du réenchantement : il trouve la petite porte à ouvrir pour laisser passer le bruissement d'une source secrète et nous invite ainsi à" l'échapée" du destin avec une évocation délicieuse d'un paradis qui se trouvait là, si près, à portée d'un visage d'enfant, ou ce regard là d'un soldat égaré qui sait encore que son nom porte une âme.

Cet homme survit dans un camp, celui de la discipline militaire, là où il est interdit de réfléchir, comme de mourir déjà avant de mourir.
Et pourtant c'était un amoureux , un immense amoureux. Celui qui est capable au matin d'écouter avec la femme d'une nuit , d'écouter avec elle le chant du rossignol. Et c'est la grâce, l'immersion de la beauté du chant de la vie :


"Se renversant sur le lit, elle lui dit d'écouter
.Et soudain, une voix éclate tout près d'eux, dans le jardin et "cela monte avec une joie qui soulève, avec une confiance qui fait sourire, avec une pureté qui désinfecterait l'enfer." C'était le chant du rossignol.
"..;la femme, comme quelqu'un qui a vu dans un champ, bien des fois, sans en parler, le conciliabule des anges et qui vous rassure, en le traversant avec vous, sourit et me dit "toutes les nuits, il est là". Maintenant que je suis avec elle et que je lui donne la main, elle ne sent plus cette peur qui me fait, moi, claquer des dents. Nous ne respirons plus, nous écoutons au fond de la nuit chanter l'âme."
Dans biographie de Violène Massenet "Alain Fournier"

Peut être avons nous oublié notre vocation première en ce monde : celle d'être des pèlerins ?

22/10/2009

Un visionnaire : Berdieaff

Ce fut écrit il y a plus d'un demi siècle :

"Le socialisme est bourgeois selon l'esprit.
Le bourgeois, c'est la pesanteur du monde et le souffle léger de liberté spirituelle lui est opposé.
L'appétit trop intense de la vie produit de la pesanteur, de même que l'attachement aux réalisations et aux biens terrestres.
Le bourgeois ignore les instants de contemplation libératrice, il n'est pas conscient du côté profondément tragique de la vie et rejette la tragédie."

"L'accroissement de la population, le développement illimité des besoins, la soif de puissance et de domination ont abouti à la victoire spirituelle du bourgeoisisme dont les époques antérieures n'ont connu que les germes, sur lesquels les prophètes ont jeté la lumière. Celle civilisation ne saurait durer éternellement.

Une société bourgeoise est une société non spiritualisée. "
Berdieaff

14/10/2009

La beauté


La beauté pleure...
Encore plus
belle
parce que si triste
au coeur de sa nuit profonde
Elle se pare de ses larmes
comme d'une chevelure
longue et noire
qui n'en finit pas de tomber.
Nue
aux pieds de l'ombre
même des lys pourpres
des temps oubliés,
des temps oubliés de l'éternité,
des temps jetés au temps,
des temps enfouis
sous couche de fer,
sous couche de verre,
sous la dureté des parures
qui ne savent plus l'éclat,
qui ne savent plus l'enluminure
des grottes qui ne sont plus
que sous terre
sans plus aucune lumière,
trop blindées d'elles-mêmes
ne savent plus
la saveur
d'être vulnérables et brisées...

Maïa de Soles

07/10/2009

Un monde meilleur ?



Rien de plus pernicieux et dangereux que de vouloir au nom d'une rationalisation de l'existence, vouloir constituer l'harmonie d'un paradis terrestre qui serait à venir.
De là, l'erreur fatale de toute dictature.
Tant qu'on ne prévoit pas l'imprévisible de la liberté humaine, on se cogne à l'impasse d'un montage humain infernal.

Combien l'homme n'est il pas capable d'inventer son propre enfer...

A l'entrée d'un lieu

Du nouvel ordre mondial


C'est la nouvelle dictature que tout le monde accepte ou presque. Disons que toute voie qui n'entre pas dans cet ordre est vite tue par le bruit de ce monde.
C'est un monde qui n'aime pas l'ailleurs, qui n'aime pas le rêve, qui n'aime pas la fantaisie, ou celle qui frise une telle vulgarité qu'on ne réalise même plus combien on se complaît dans la banalité...
C'est un monde qui n'aime pas le silence
, les légendes, la mystère, le secret, et le sacré.
Un monde de comptes.
Il n'y a plus d'âme, qu'une antichambre de droit et de devoir.
Un coeur passé au rouleau compresseur de nos édifices citoyens.

Un monde qui n'aime pas les miracles, car cela est perturbant.

Et pourtant
La vie n'est que miracle, que jaillissement, que nouveauté, qu'instant de fulgurance d'où jaillit l'éternité...
Mais cela est dérangeant,
cela fait désordre...

Que reste-il ? Que restera-t-il de nos vaines agitations pour le pouvoir, pour le paraître ?

De cette religion de puissance ?