26/11/2009

Jean Biès : "De la stupeur"


" Parce que le système des certitudes rassurantes, des vérités maintenant bafouées s'effondre devant elle, la stupeur, à l'instar du "satori", fait l'expérience du vide : un vide soudain qui se présente, nie tout ce qui le précède, n'émeut pas seulement : désoriente, égare, réduit à rien.
La stupeur n'est pas en mesure de nommer, d'avancer sur une terre ferme ; elle perd brusquement tout appui.
Ni la vigueur de l'étonnement qui fuse, ni la magie enveloppante de l'émerveillement ne l'étançonnent : privée de points de comparaison, d'articulations syntaxiques, d'images, de symboles, elle est ce qui trahit le moins l'intraduisible, ignore le moins l'inconnaissable.
Comme le "satori", elle rejoint la conscience de la non-dualité, l'état illuminé où la suprême Sophia réalise sa propre nature. Elle est adhésion, adhérence à l'Un ; par là même s'abolit elle-même."



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