05/02/2010

Nicholas Berdiaeff, le grand visionnaire oublié, disait en 1947...

"Le développement technique et économique de la civilisation moderne fait de la personne humaine son instrument, lui demande une activité constante et l'utilisation constante de tous les instants pour l'action. Cette civilisation rejette la contemplation qui, rendue impossible, court le danger d'être définitivement répudiée de notre vie. Cela signifie que l'homme cessera de prier, qu'il ne verra plus la beauté et ne connaîtra plus la beauté désintéressée. la personne se détermine non seulement par rapport au temporel, mais aussi en fonction de l'éternité. L'"actualisme" moderne est une négation de l'éternel, c'est l'asservissement de l'homme par le temporel.
L'instant n'a jamais de valeur propre n'ayant aucun rapport avec l'éternité, avec Dieu. Chaque moment sert le moment suivant et doit être aussi rapide que possible pour lui faire place.
L'actualisme absolu change les rapports du temps. Une course effrénée se poursuit. La personne humaine ne saurait se maintenir au milieu de ce torrent temporel qui ne lui laisse pas un instant pour un retour sur elle-même et qui l'empêche de saisir la portée de sa vie, cette portée ne se découvrant que par rapport à l'éternité, et le temps torrentiel étant en soi dénué de sens.

L'étouffement de la contemplation représente la fin de la mystique, de la métaphysique, de l'esthétique qui sont le sommet de la floraison de la culture."

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