24/10/2009

Quelque chose d'Alain Fournier


Découverte de cet homme qui lisait et écrivait
"comme on s'enfuit".

De cet homme rebelle, fort et tendre qui a déserté la vie en devenant lieutenant, car il avait perdu son amour.
Immersion dans l'enfer total où les jours ternes, les travaux bêtes et absurdes s'entassaient les un sur les autres, où ses collègues ,aussi célibataires," sont mornes, leur vulgarité incurable,leur contentement d'eux-mêmes absolu."

D'autre part sur ce fond de ciel gris, fermé, triste, cet "Henri" a le don du réenchantement : il trouve la petite porte à ouvrir pour laisser passer le bruissement d'une source secrète et nous invite ainsi à" l'échapée" du destin avec une évocation délicieuse d'un paradis qui se trouvait là, si près, à portée d'un visage d'enfant, ou ce regard là d'un soldat égaré qui sait encore que son nom porte une âme.

Cet homme survit dans un camp, celui de la discipline militaire, là où il est interdit de réfléchir, comme de mourir déjà avant de mourir.
Et pourtant c'était un amoureux , un immense amoureux. Celui qui est capable au matin d'écouter avec la femme d'une nuit , d'écouter avec elle le chant du rossignol. Et c'est la grâce, l'immersion de la beauté du chant de la vie :


"Se renversant sur le lit, elle lui dit d'écouter
.Et soudain, une voix éclate tout près d'eux, dans le jardin et "cela monte avec une joie qui soulève, avec une confiance qui fait sourire, avec une pureté qui désinfecterait l'enfer." C'était le chant du rossignol.
"..;la femme, comme quelqu'un qui a vu dans un champ, bien des fois, sans en parler, le conciliabule des anges et qui vous rassure, en le traversant avec vous, sourit et me dit "toutes les nuits, il est là". Maintenant que je suis avec elle et que je lui donne la main, elle ne sent plus cette peur qui me fait, moi, claquer des dents. Nous ne respirons plus, nous écoutons au fond de la nuit chanter l'âme."
Dans biographie de Violène Massenet "Alain Fournier"

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